
Didier Arnal-Brezun
Posté le 05/07/2019 à 11h15
Récit de l’UTPMA par Richard Auroy

La prépa
L'UTPMA sera mon premier 100 km après les 85 km de la Celestrail d'Andorre l'année dernière.
Pas mal de vitesse, de renforcement, de courses de 20 à 30 km avec le club. Un gros objectif intermédiaire au trail des Citadelles en avril (plein de boue) avec un résultat top en termes de temps et de classement mais une grosse inquiétude à la sortie pour un genou qui « couine » sérieusement.
Je suis à 2 doigts de rendre mon dossard mais mon pote Cyril me dit juste ce que j'avais besoin d'entendre : « normal d'avoir les genoux un peu usés, on court tous avec des douleurs, ça fait partie du package Master ».
3 semaines de coupure et tout rentre dans l'ordre. Le moral remonte en flèche et Didier me recale un plan pour optimiser le mois de prépa qui me reste : 2 blocs rapprochés, zéro vitesse, du VTT. Je fais toutes les sorties en dedans, seuil bas pour le cardio et essentiellement des côtes. Descentes tout doux. Prépa un peu chahutée donc mais très heureux de pouvoir prendre le départ...
Arrivée à Aurillac
Nous sommes 5 à partir à Aurillac : Ma chérie Juliette, et nos amis Jéjé, Céline et Mumu. Nous avons loué un chouette gîte à Thiézac. un petit village à 30 mn de bagnole d'Aurillac mais qui a l'avantage d'être en plein centre du parcours de l'UTPMA : idéal comme base pour les accompagnants qui souhaitent suivre la course... Je recommande l'adresse pour ceux qui seraient intéressés...
Juliette se lancera sur le 24 tout comme les potes. Juliette elle aussi est inquiète pour sa course à cause d'une méchante tendinite qui ne la lâche pas depuis 1 an et demi. Décidément les 2 font la paire... Elle regrette presque de s'être inscrite car ça complique l'organisation pour qu'elle puisse me suivre sur le parcours.
Le concept entre nous c'est avant tout de partager un max. A moi l'Ultra ; à elle l'assistance, la logistique, les massages, le remontage de moral, les encouragements, la nuit blanche à attendre dans le froid que je pointe le museau,... Un truc équitable quoi !
Nous sommes arrivés vendredi à 15 heures sur Aurillac. Tentative de sieste que je sais par avance impossible...
L'avantage de partir à minuit c'est qu'on n'a pas à gérer le sommeil de la nuit précédente.
Quelques coups de fil qui font du bien : Didier toujours présent et bienveillant, et Guillaume un peu par hasard qui voulait récupérer une trace ..., mon pote Cyril avec qui j'ai fait mon dernier gros entraînement (8 heures à crapahuter du côté des 3 seigneurs 2 semaines plus tôt...) Tous ont le même mot d'ordre : « pars doucement ! »
Cyril me prédit 22 heures. J'envisage 20 heures si tout se passe bien.
Je sais qu'en termes d'allure c'est réaliste avec ce parcours roulant et je me sens bien plus armé après tous ces entraînements au club qu'à la Celestrail l'année dernière où j'avais frôlé l'abandon à la sortie de la nuit.
18H00 retrait des dossards et dépose du sac pour la base de vie. Petite frayeur : j'ai oublié le sac au gîte ! En plus de me perdre régulièrement sur les parcours, oublier des trucs c'est ma spécialité !
Heureusement on peut déposer les sacs jusqu'à 22H30.
18H30 Le briefing et grosse déception : on nous confirme que la météo est mauvaise avec de gros orages attendus à partir de samedi. On nous annonce des rafales à 65km/heure et un ressenti à 5 degrés sur les crêtes. Même si ce n'est pas officiel et que la décision sera prise à 20H00, je comprends qu'on devra faire une croix sur les paysages du Puy Mary. Petite consolation, le dénivelé est maintenu à 5300 m D+ et la distance rallongée de 7 km (passer sous les 100 km aurait déclenché une émeute !).
L'organisation semble très rigoureuse : outre le « zéro risque » par rapport aux orages, on nous met vraiment en garde sur l'équipement obligatoire avec une vérification systématique de tous les sacs... Pas de problème ça doit faire 20 fois que je vérifie le mien ! L'organisation a également prévu une séparation des zones de ravitaillement et des zones d'assistance. Pas top pour partager avec les accompagnants mais c'est vrai que ça permet de minimiser le bazar sur les ravitos ...
500 bénévoles sont annoncés et on sent une grosse mobilisation locale. J'aime bien le coté humilité des organisateurs : « on essaye de progresser chaque année, ne nous en veuillez pas s'il y a des petites choses encore imparfaites ». Effectivement, si je compare avec Andorre, ça reste plus « artisanal ». Par exemple j'ai demandé un peu plus de pâtes dans ma soupe à un des ravitaillements : le papy m'a simplement versé directement dans mon assiette les pâtes crues sorties du paquet... La base de vie également trop petite avec peu de possibilités pour s’asseoir... Sinon les ravitaillements sont vraiment bien fournis et il y en a pour tous les goûts et appétits (charcuterie, fromages, oranges, citrons, fruits secs, soupe...).
Le départ
Nous sommes finalement presque 800 participants. C'est bien plus que les années précédentes. Il faut croire que ce trail rencontre un succès grandissant car les dossards se sont envolés en 48h (l'effet 5 points ITRA?).
Je suis dans le SAS à 23H00 et je retrouve Benoit du CA Balma (groupe Alain). On a le temps de faire un peu connaissance et d'évoquer nos objectifs respectifs : Benoit part pour 19H00 et moi 20H00. On décide de faire le début de course ensemble même si Benoit souhaite arriver au Lioran (base de vie) à 8H30, ce qui me semble trop ambitieux.
Le moment du départ approche et je me sens curieusement serein. Je mesure la chance d'avoir pu m'aligner et je profite de cette nouvelle expérience. Je suis bien dans le moment présent.
Pas de stress donc mais hâte que la course démarre : 6 mois de prépa quand même...
Petite stupidité 30 mn avant le départ : j'ai soudainement faim et décide de manger un bout du sandwich au poulet que me propose mon pote Jéjé. Ça tient plus du kébab bien épicé et je vais garder sur le bide ce truc bien gras pendant une bonne heure. Du grand n'importe quoi !
La pluie s'est arrêtée depuis 2/3 heures maintenant après une bonne saucée toute l'après-midi. Le fond de l'air est frais sans plus ; idéal pour courir. Je suis surpris de voir la plupart des coureurs mettre la veste.
Feu d'artifice, fumigène, sirène des pompiers, musique type métal à fond, le bisou d'amour à ma chérie, et un clin d’œil à Céline, Mumu et Jéjé : l'émotion est quand même bien là ! C'est parti pour une longue journée et une belle aventure j’espère ! C'est cool !!!
La course
Nous démarrons avec Benoit en deuxième partie de peloton. Rapidement ça bouchonne.
Le profil est extrêmement roulant : ça tombe bien on est coincé...
J'économise la frontale au max et je suis focalisé sur mon cardio. Bizarrement il monte assez haut (145) bien que le terrain soit facile et que le rythme plus que raisonnable.
Je sens Benoit qui trépigne et commence à doubler. Je le suis mais on risque de laisser de l'énergie précieuse dans les bas-côtés. Au bout d'une dizaine de km, je décide de le laisser filer.
J'arrive à Velzic (16 km, 500 D+) en 2H15, soit 15 mn d'avance sur mon prévisionnel (448ème). Ça fait une moyenne de 7km/h. C'est dire que j'avais visé un rythme de sénateur. Une formalité donc si ce n'est qu'on a été pas mal bouchonné et qu'on a dû s'employer un peu plus avec les dépassements.
Les choses sérieuses commencent car 1000 D + et 16 km nous attentent avant le prochain ravitaillement où je retrouverai Juliette après avoir franchi le col du Pertus.
Je suis maintenant dans ma bulle et le cardio est redescendu dans des zones qui me conviennent bien mieux : j'ai trouvé mon rythme, la course est vraiment lancée.
C'est un peu plus technique que prévu. Après quelques bonnes côtes régulières, nous devons évoluer sur une ligne de crête difficile à courir : beaucoup de racines, de cailloux, on est encore pas mal en peloton et c'est essentiellement du single. J'ai l'impression que ce passage n'a été ouvert que pour la course. Un brouillard bien épais est tombé et on distingue mal où on pose les pieds...Je suis hyper vigilant et je fais bien : je double au moins 4 coureurs avec une entorse de cheville !
Le brouillard est de plus en plus humide et avec la température qui baisse dans la nuit, je décide de bâcher. J'apprécie mon sac qui me permet d'attraper facilement la veste, surtout que je vais devoir refaire l'exercice de nombreuses fois pendant la course.
Je retrouve Juliette pour la première fois après 32 km de course au second ravitaillement à 5H38 (310ème je ne sais pas où j'ai pu doubler 130 personnes, peut être au premier ravito...). Elle est finalement toute seule. Le voyou de Jéjé est resté dormir...
Je suis toujours ultra frais, peut-être les jambes un peu dures mais à peine. On vient quand même de faire 32 bornes et 1500 D+, soit l'équivalent d'une bonne sortie longue.
Je suis surpris de voir de nombreux coureurs déjà en difficulté et les premiers abandons... En même temps, c'était moi qui était au bord de l'abandon à ce stade il y a un an.
Coté timing je perds 5 minutes par rapport à mon objectif. Il m'en reste 10 d'avance à un petit tiers de la course, je prends !
Une bonne soupe (avec pâtes crues donc !), banane, remplissage des 3 flasques de 500 avec la boisson d'effort... Encouragements, petits mots doux et je repars le moral et les jambes au top !
Le prochain ravito sera à la base de vie du Lioran dans 19 km et 1000 D + après le fameux passage au Plomb du Cantal.
C'est une vrai difficulté qui nous attend : on commence par une descente de 7/8 km avant d'attaquer la montée de 1000 D+ sur 5 km environ : un Picou quoi !
J'ai retrouvé Benoit qui commence à se plaindre du ventre. On arrive au pied de la montée qu'on doit monter obligatoirement sans bâtons car les organisateurs ont interdit l'usage à cet endroit ultra protégé. Les jambes répondent bien et j'accélère un chouilla car je reçois un SMS de ma chérie qui m'encourage et me demande de me dépêcher histoire qu'on puisse passer un peu de temps ensemble à la base de vie. Pour elle le temps presse à cause de son départ à 11H00.
Le jour s'est levé et, coup de bol, le ciel commence à se dégager une belle trouée qui devrait nous permettre de profiter du panorama sur les crêtes...
Je suis maintenant passé devant Benoit qui a eu un coup de moins bien. On ne se reverra qu'au Lioran. La montée se passe très bien, à un bon petit rythme, et je double pas mal de coureurs.
Le paysage se dévoile enfin et le spectacle est au rendez-vous : vue imprenable sur les volcans dans une atmosphère un peu étrange avec les nuages qui restent menaçants tout en laissant passer les rayons du soleil et quelques coins de ciel bleu. C'est évidemment moins découpé qu'au sommet de nos Pyrénées mais le panorama sur les volcans est incroyable.
Je prends quelques minutes pour faire mes seules photos de la journée (totalement ratées à contre-jour) et le photographe officiel de l'organisation s'est visiblement régalé en prenant ici des clichés incroyables.
La montée réserve quand même une petite surprise avec un sommet qu'on croit atteindre une première fois avant de comprendre qu'il y a un deuxième « coup de cul » comme ils disent ... La descente débute par un passage aménagé avec de grandes marches en bois qui nous amènent à l'arrivée du téléphérique de la station du Lioran.
La descente se passe bien, toujours sans forcer, mis à part l'estomac qui subit un peu les chocs (faudra gainer un peu plus les abdos pour la prochaine fois).
Le terrain commence sérieusement à devenir gras. Le risque d'y laisser une chaussure n'est pas négligeable et j'ai d'ailleurs vu un collègue devoir faire demi-tour pour récupérer sa pompe égarée ! On s'est bien marré d'ailleurs avec les quelques témoins de la scène.
J'arrive au Lioran à 8H52, 248ème et 25 mn d'avance sur mon objectif.
Je retrouve Juliette. On attrape un bout de banc et j'ai droit à mon petit massage traditionnel sur mes mollets plein de boue. La meilleure assistance c'est pour bibi !
Je dois bien passer une demi-heure là-bas. Changement de maillot pour quitter les manches longues et enfiler le cadeau porte bonheur de ma chérie.
Comme d'hab soupe, bananes, complétées cette fois ci par une purée de patate douce préparée à l'avance par Juliette (top !) et une boisson de récup pour retaper un peu les jambes.
La déception c'est la confirmation qu'on ne peut pas aller jusqu'au Puy Mary. Tant pis pour la Brèche de Rolland, le Bec de l'Aigle, Téton de Vénus, Puy Bataillouse, Puy Mary. Avec des noms pareils j'imagine que ça en valait vraiment le coup ! Trop déçu mais ça fait partie du jeu.
Je croise Benoit au moment de partir qui a décidé de se poser une bonne heure pour essayer de récupérer. Le mal de bide ne passe pas... On ne se reverra qu'après la course où j'apprendrai qu'il a du s'arrêter définitivement à Mandailles, une vingtaine de km après Lioran.
Je tape la causette peu après le Lioran avec un coureur qui a déjà fait cette course. Il m'explique que si on arrive à Mandailles dans 21 km et 1100 D+, c'est quasiment gagné pour atteindre l'arrivée ... En effet il ne restera à ce moment-là qu'une grosse difficulté.
Je croise plus loin un autre type qui m'intrigue par sa foulée. D'énormes enjambées comparées aux miennes. Tous les styles sont dans la nature ! En discutant avec lui j'apprends que le gars est V3 (il ne fait vraiment pas son âge, tant physiquement qu'au niveau de l'allure qu'il tient). Chapeau ! En plus d'être marrant il m'explique qu'il habite du côté d'Orléans et que pour trouver un peu de dénivelé il doit aller crapahuter dans d'anciennes décharges réhabilitées avec quelques bosses. Il faut quand même en vouloir !
Les montées et les descentes s’enchaînent dans les bois en même temps que les orages annoncés éclatent. Pas bien impressionnants comparés à ceux de la Célestrail de l'an dernier sauf pour ce qui est de la quantité de pluie. Le terrain était déjà bien boueux mais maintenant on passe en configuration « Trail des Citadelles ». Je ne compte plus les petits ruisseaux qui traversent le chemin. Je n'essaie même plus de les éviter et c'est la pataugeoire. Le paysage de moyenne montagne est certes bucolique mais c'est bien gâché par cette météo de m...
La fatigue commence sournoisement à pointer le bout de son nez... D'autant que ma montre GPS réglée en mode ultra track pour ne pas pomper trop de batterie me joue un mauvais tour : je m'aperçois que j'ai 10 km de plus que les autres coureurs au compteur : Le ravito est donc bien plus loin que prévu, pas bon pour le moral...
J'arrive à Mandailles en 12h50, 199ème, 30 mn d'avance sur mon planning. J'ai donc encore gagné 5 mn. A ce moment j'ai vraiment besoin de faire un bon break car la fatigue et la lassitude tentent de distiller un petit doute...
Je mange mon petit sandwich maison au fromage de chèvre (top aussi!) histoire de varier les plaisirs culinaires et je me pose sur une chaise à côté d'une nana que je n'arrête pas de croiser depuis le Lioran. Elle a les pieds en compote la pauvre et son copain, visiblement traileur aguerri, lui fait un remontage de moral façon commando !
J'en profite pour sortir le portable et lire les quelques SMS que j'ai reçus. Jéjé, Fredo, Guigui (c'est avec ces 3 là que j'ai fait mon premier trail 3 ans plus tôt), ma chérie, Guillaume, Aurélie qui m'écrit que je fais une « remontada » (je ne suis pas du tout au courant de l'évolution du classement) et Cyril à qui je réponds que je commence à peiner... Il me réplique que c'est du pipeau car mon rythme n'a pas baissé et que c'est « juste » dans la tête. Il est marrant mon Cyril mais il a raison et je repars en mode « serrage de boulon » pour la dernière grosse bosse, regonflé par tous ces encouragements.
Je dois retrouver Juliette à Lascelle dans 16 km et 800 D+ si le timing de sa course se passe bien, ça aussi ça pousse !
J'ai décidé de monter cette dernière bosse rapidement sachant qu'une fois en haut ce ne sera plus que du « roulant ». Je me cale sur le cardio en augmentant l'allure jusqu'à 145 pulses. Théoriquement c'est un niveau pas trop énergivore mais je dois quand même m'employer sérieusement. Je suis maintenant au maximum de ce que je peux donner à ce stade de la journée et je continue à reprendre des coureurs.
L'un d'entre eux me lance alors qu'on est sur un replat : tu cours encore toi ? Du coup il se met à m'accompagner et il me doublera un peu plus loin dans la descente !
La montée est maintenant quasi terminée. Je m'arrête quelques instants pour prévenir ma chérie que j'attaque la descente histoire de lui mettre à mon tour la pression pour notre rendez-vous au prochain ravito. Je fais la descente à un très bon rythme, bien régulier. C'est toujours aussi roulant si ce n'est la boue toujours omniprésente. Un deuxième orage nous oblige à bâcher à nouveau. Je n'y vois pas grand-chose avec la buée dans les lunettes que je suis obligé de ranger dans la ceinture.
J'arrive à Lascelle (90 km et 4800 D+) à 15h56, une grosse heure d'avance sur mon planning !
J'y retrouve comme convenu Juliette. Tout s'est bien passé pour elle et avec un entraînement minimaliste, elle a largement pu soutenir le rythme des copines et elles ont pu faire toute la course ensemble, Cool !
Mes filles qui suivent la course sur le Live disent à Juliette que je suis maintenant 150ème et surtout que je gagne régulièrement des places. Je vais trouver un peu de motivation supplémentaire pour terminer les 20 derniers km en pensant un peu au classement maintenant. Dans les 100 ce serait top ! 50 personnes à doubler en 20 km c'est sûrement quand même un peu ambitieux mais l'idée m’amuse.
Il reste 2 petites bosses dans les bois « façon Black Montain » avant le dernier ravitaillement. Courtes mais bien raides. A ce stade de la course, de vraies « petites saloperies ». Je reprends ma tactique basée sur le cardio que j'essaie de monter dans les 145. J'ai du mal à retourner dans cette zone et l’accélération se limitera à maintenir le rythme, ce qui est déjà très bien... Je continue à reprendre régulièrement du monde. Je ne compte pas vraiment le nombre de coureurs mais à chaque fois c'est un petit plaisir qui m'aide à prolonger l'effort.
Je retrouve mon gars du « tu cours encore toi » dans la vallée de la Jordane. Magnifique canyon où coule une rivière paisible qu'on traverse 4 ou 5 fois sur des ponts suspendus : ambiance zen... Le contraste avec la montagne est chouette et surtout ça commence à sentir l'écurie.
J'arrive au dernier ravito à 17h43, 122ème.
Céline, Mumu et Jéjé sont là, en train de siroter un verre à la terrasse d'un troquet. On papote un peu et on fait quelques photos souvenirs. Tout le monde me trouve en forme. Allez plus que 7 km et une petite montée qui serait symbolique si elle n'était pas placée après 106 km.
Je repense à mon envie de rattraper d'autres coureurs et je décide de zapper le ravitaillement. Je repars avec une seule flasque remplie et je ne me souviens pas avoir mangé grand-chose, erreur...
L'arrivée
Pendant la dernière toute petite et dernière montée je suis le nez sur ma montre et je vois défiler trop lentement le peu de dénivelé qu'il me reste.
Je ne double plus personne. Il me tarde vraiment d'en finir maintenant ! Ah mince j'aperçois encore un coureur un peu plus haut. Allez, j'essaie de le rejoindre !
On arrive sur un plateau avec des champs couverts de fleurs bleues. Encore une variante vraiment sympa, surtout avec la ville d'Aurillac en contrebas. Il fait enfin beau... Mieux vaut tard que jamais !
Je rattrape mon dernier « collègue » qui n'avance plus beaucoup alors que je coure encore à un bon 10 je pense, d'autant qu'on évolue sur le bitume pour terminer. Il me demande combien il reste. Je lui annonce 2/3 km. Ça semble plus que ce qu'il espérait.
J'arrive maintenant en ville et l'arrivée n'est qu'à quelques centaines de mètres.
Il est moins de 19H00, waouh plus d'une heure d'avance ! Il y a encore un peu d'animation et pas mal de personnes en ballade dans les rues ou aux terrasses de café. Je me délecte de ces derniers encouragements. Chair de poule... Dernière ligne droite. Jéjé, Mumu et Céline sont à 50 m à gauche. J'aperçois aussi Benoit qui est gentiment venu me faire signe malgré sa déception.
Ma chérie est juste après la ligne que je franchis en serrant les poings. Le câlin... Les yeux un peu embués que j'essaie de cacher... Mumu, Céline et Jéjé qui me félicitent encore ! Ça y est, c'est fini...Quelle journée ! Heureux !!! J'ai réussi mon défi des 100 km en y prenant énormément de plaisir ! Une belle gestion tout au long de la journée, et accessoirement (quoi que...) 18h43, 118ème.
Petit malaise 15 mn après l'arrivée. L'impression que le cerveau déconnecte et que le corps relâche d'un seul coup. 2 heures de perfusion obligatoire quand même ! Le médecin qui ne voulait pas me laisser partir tant que la tension n’était pas remontée et première mi-temps de la finale de rugby ratée !
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